14 novembre 2009

De deux à un.

A une période, soit quatre-cinq mois après la rupture, je me demandais si Le M. avait gardé les photos. Nos photos. Celles où, on semblait s'aimer pour toujours.
A une période encore, j'aurais quitté maison-parents-études-amis pour lui. J'aurais rempli ma grosse valise orange et en deux coups de talonnette, j'aurais été près de lui.
Oui, à cette période-là, je croyais l'aimer autant que l'on puisse aimer l'homme de sa vie. J'y ai cru suffisamment fort pour m'accrocher à cette idée comme à une amarre.

Les " Ne me laisse pas ", " Dis-moi que ce n'était qu'un cauchemar, je t'en supplie ", " Je continuerai de t'aimer quand même ", " On peut essayer, ça peut marcher, je t'assure ", je les ai usé jusqu'à la moelle. Pour lui. Pour qu'il reste auprès de moi.
Mais avais-je réellement envie qu'il reste, finalement ? Ou était-ce la peur de la solitude qui m'effrayait ? Je n'en sais rien, même encore maintenant. Si je me permets d'écrire cette histoire maintenant, c'est parce que je sens qu'elle vient se reléguer au rang de mes " histoires passées ". J'ai voulu la faire perdurer trop longtemps, tout comme les autres.
Au final, quand je fais le bilan de mes relations sentimentales, j'ai l'impression qu'elles ont toutes suivies le même chemin, tout en étant complètement opposées malgré tout.
L'Horrible me brimait et me bouffait de l'intérieur. C.h. m'a appris que l'amitié, la fidélité étaient bien plus importantes que l'amour. Le Marteau Pilon m'a prouvé que j'avais certaines valeurs dont, pour le moment, je ne pouvais me défaire car elles faisaient partie de moi.
Et Le M. ... Il ne m'a pas appris grand chose. A part qu'une apparente fragilité dissimulait finalement une force que je ne soupçonnais pas. Cette relation, contrairement aux autres, même celle d'une nuit, ne m'a pas fait grandir. Je n'ai pas aimé qu'il revienne l'autre soir, neuf mois après, la bouche en coeur, pour me dire que je lui manquais et qu'il voulait que je le rejoigne.
En d'autres circonstances, sans Chouchou dans ma vie et dans mon lit, peut-être l'aurais-je fait. Peut-être aurais-je voulu revivre cette passion. Sans que personne ne le sache. J'aurais refait ma valise orange. Mais ç'aurait été une mauvaise solution. Juste une épopée, pas de l'amour.
L'amour, ce serait si Chouchou partait en Syrie pendant deux mois et que j'allais le rejoindre pour lui faire une surprise. Il est certain que je ne l'aimerais jamais de la même façon que le M., jamais avec cette passion naïve. Mais je l'aime, bien plus. Je ne sais pas comment expliquer, ça ne s'explique pas. Je n'ai pas le coeur qui bat plus fort, ni des frissons quand il me regarde. Mais je sais qu'il représente bien plus à mes yeux.

Alors oui, j'ai fait le bon choix quand j'ai dit " Non " sans même hésiter une seule seconde, remplie de colère, avec l'envie de le mettre plus bas que terre. Ce que j'ai fait. Il n'y croyait pas, de toute manière. Il savait que je resterais avec lui. Il est arrivé trop tard. Et c'est ça qui m'a le plus embêté. Après sa petite déclaration, qu'il n'y croit pas, alors à quoi bon ? J'ai comme réalisé qu'il n'y avait jamais cru, en fait. Ou si. Mais pas suffisamment fort.
Alors qu'avec Chouchou, j'ai envie d'y croire. Doucement. Lentement. Je construis quelque chose avec lui de fiable. Rien n'est éternel, soyons clair.

Mais essayons au moins de le faire durer le plus longtemps possible.

6 août 2009

Car je seraiiii, ta meilleure amiiiiie ! Bref.

Comme le dit si bien la chanson de notre blondasse nationale, plus connue pour sa liaison avec Quasimodo que pour ses performances musicales : " Je resterai ta meilleure amie ! Je serai là, toujours pour toi ... " and so on. Elle a beau nous vriller les tympans avec sa voix de pucelle en détresse et nous dépouiller les globes oculaires avec ses chorégraphies néo-tecktonienne, il faut avouer qu'elle n'a pas tout à fait tort.

Le concept de " meilleur(e) ami(e) " est toujours resté pour moi une appellation gentiment nébuleuse. Elle correspondait davantage à un principe de marquage de territoire. Je t'appartiens, tu m'appartiens, car tu es mon (ma) meilleur(e) ami(e) et je refuse de te partager.
Au collège, ce statut social aussi ridicule qu'inutile peut encore passer. Arrivé au lycée, on découvre le principe " bande de potes " et surtout " copains de beuveries " et après trois verres de vodkas, toute l'assistance (même le cafard retrouvé sur la cuvette des chiottes deux minutes plus tôt) devient ta meilleure pote. Donc, exit le " best friend for ever " et welcome le " club des cinq ". Tu te veux mâture et open-minded, alors tu apprends à ouvrir tes chakras sur le monde qui t'entoure. C'est le temps de la découverte. Celle de soi et des autres.

Et puis bon, tu t'aperçois que dans certains moments particulièrement difficiles, très peu de gens sont là pour que tu noies leur épaule de larmes de crocodiles. Les autres, sans verre à la main ou sans pèt' à faire tourner, étrangement, ils sont aux abonnés absents. Pire, quand tu leur apprends ta détresse, ils se sont déjà carapatés vers des contrées plus joyeuses, là la pluie n'existe pas grâce aux beaux nuages roses de leur défonce. Chacun sa merde, comme dirait l'autre.

Alors, là, tu réalises l'irréalisable : celui ou celle qui te tient la main, écoute tes confidences, te fait part de ses petits travers et de ses petits secrets, ne serait-il pas comme ... Oh non ! Quelle définition horrible ! Mais si ! Un MEILLEUR AMI !
Je connais C.h. depuis bientôt quatre ans. Au début, on pouvait pas se saquer (résultat d'un petit conflit d'intérêt lié à une grue avec qui il s'ébattait à l'époque) et puis, au fil du temps, on a fini par discuter de plus en plus et par apprendre à se connaître. A beaucoup se connaître. On a construit une merveilleuse relation purement amicale, tout de même basée sur l'ambiguïté d'un possible rapprochement sentimental (sexuel ?). A seize ans, je suppose que cela n'a rien d'anormal. On se voyait en cours, et puis sur msn le soir. Quand il a quitté le lycée, on a continué à se fréquenter régulièrement et nos liens n'en sont devenus que plus forts. Inutile de préciser que cela devenait vital. On pouvait passer un mois sans se donner de nouvelles (encore à cause d'une grue quelconque) et se retrouver comme si on s'était quitté la veille.
Harmonie parfaite, direz-vous ? Pas tout à fait.

J'ai finis par développer pour ce garçon quelques sentiments qui allaient bien au-delà de la simple amitié. Aucun de nous deux n'avait jamais nié l'attirance qui le rattachait à l'autre, mais là, il fallait bien reconnaître qu'il se passait autre chose. Ce qui rendit notre entente de plus en plus houleuse. A défaut de pouvoir se mettre ensemble (le P. squattait toujours mon espace vital, à l'époque), on a tenté un bouche à bouche trivial entre deux casseroles de pâtes, chez une amie commune qui avait organisé un déjeuner. Résultat : ça va pas le faire. Pour moi. Lui il voulait que je quitte l'Horrible. Mais il a respecté ma décision. J'ai choisi de rester avec l'autre. Plus par facilité que par réelle envie. Quelle faiblesse à cette époque !
Bref, tout ça pour dire que, sentiments ou non, on s'est toujours raté. Quand j'étais avec le P., C.h. me voulait. Moi, non. Quand je l'ai quitté, je voulais C.h.. Lui, non. Ca a duré un an comme ça. A se chercher, à faire quelques petites allusions. Chacun sortait avec qui il voulait sans que l'autre ne lui en veuille. On savait qu'on était fait l'un pour l'autre. Tout du moins, c'est ce qu'on croyait. On se laissait le temps.

Et puis, un jour, il a bien fallu investir ce beau fantasme dans la réalité. Game over ! Je me suis débinée. J'ai reculé comme une bête effarouchée en écarquillant de grands yeux horrifiés. T'as fais quoi, là ? Tu m'as embrassé ? On va sortir ensemble ? Ah non, non ! C'était bien mieux dans mes rêves, ça ! J'ai senti quelque chose oppresser mes entrailles, comme si je réalisais brusquement toute l'ironie de la situation. On vivait presque comme un couple (exception faite que notre relation restait purement platonique) et maintenant qu'on se trouvait enfin, qu'on pouvait VRAIMENT en être un, je ne voulais plus.

Résultat, on s'est séparé. Une rupture longue et douloureuse qui a pris quelques mois. Blessé, il s'est éloigné peu à peu. Et moi, toute à ma petite vie volage, je ne voyais rien venir. Dans Barbe Bleue, j'aurais fini égorgée, c'est certain. Jusqu'à ce qu'il ne me parle plus du tout, fasse le mort et ignore mes appels répétés. Je n'ai absolument pas réalisé sa souffrance.
Et j'en aurais certainement fait abstraction s'il n'y avait pas eu la mienne. Le manque de lui fut quelque chose de foncièrement destructeur. Certaines nuits, je n'en dormais pas. Et sa disparition alimentait sans cesse mes crises d'angoisse. J'avais l'impression immonde de n'être plus qu'à moitié. Il paraît que c'est ce qu'on ressent à la perte de son âme soeur. Au-delà d'une passion quelconque, je trouvais en son absence le besoin vital de l'avoir près de moi. Je ne nourrissais plus le moindre sentiment ambigu. C'était son amitié qui me manquait. Son épaule à lui, pour épancher ma tristesse, ses yeux pour me regarder et me transmettre toute la fierté que je lui inspirais ainsi que toute sa confiance. Tout ça, je ne l'avais plus.

La situation aurait pu être moins dramatique si j'étais revenue plus tôt. Quand il m'a expliqué mes torts, je lui ai servi ma carte maîtresse : la victimisation. Celle qui le faisait fondre à chaque fois. Et là, manque de bol, ça a loupé. Il a bien fait un effort pour reprendre sa place mais c'était trop tard. Il n'en avait plus envie. J'avais été trop loin, cette fois-ci. De tous les coups que je lui avais fais, celui-ci était surement le pire. Je crois qu'il aurait pu tout me pardonner, mais lui briser le cœur avec autant de méchanceté que je l'avais fait, non. Donnez du pain à un somalien, si vous lui prenez des mains avant la première bouchée, il aura envie de vous égorger sur-le-champ. C'était un peu le principe.
Un jour, alors qu'il me parlait à peine, répondait très peu à mes messages, je suis allée le voir sur msn et je lui ai dis : " Bon, je crois qu'il serait temps de mettre un point final à notre relation. Vu que tu n'as pas l'air très disposé ... ". Et sa réponse fut : " Le point final, ça ait longtemps que je l'ai mis ". " Oh oui ! Je sais ! Mais bon, comme tu sais, j'aime avoir le dernier mot. Alors voilà ! Prend soin de toi. " ai-je répondu, en grande fille mâture, compréhensive et inébranlable. Cassée à l'intérieure. Je m'étais échinée dans le vent à essayer de reconstruire quelque chose qui était déjà détruit depuis longtemps. Encore une fois, game over. J'étais définitivement seule.

J'ai quand même tenté, par la suite, de renouer. Sans succès. Jusqu'à ce fameux soir, date de mon anniversaire, où il s'est réinsinué dans ma vie. Il venait d'avoir vingt ans et il se disait qu'il était temps de remettre un peu d'ordre dans sa vie. De faire le point sur ses relations avec les autres. De pardonner aussi, peut-être. Pour mieux grandir. Et il voulait commencer par moi.
Les choses ont été mises au clair. J'ai fait mon Mea Culpa. Un an, c'est très court. Surtout quand on est jeune. Pourtant, cette année-là m'a paru la plus longue jusqu'à présent. Ce qui m'a permis de réfléchir et surtout, de vraimentme rendre compte de mon attitude. J'avais été la " mauvaise C. ", comme il l'appelait. La garce sans coeur, égoïste, qui prend et jette sans remords. Je méritais mon sort, je le savais parfaitement et j'aprenais à assumer mes erreurs de comportement et de jugement. Bref, comme je le disais, on a mis nos divergences à plat et on a réussi à s'en sortir sans trop de casse. Et étrangement, les choses sont redevenues comme avant.
Exception faite qu'on apprend à se parler davantage en face et un peu moins par ordinateurs interposés, ce qui rend notre relation plus réelle et moins fantasmagorique. Un bon point, je suppose, vu que pour le moment, on s'en sort pas trop mal.

Mais comme je dis souvent, je reste une fille. Surtout, je reste une " meilleure amie ". Alors je me dois de respecter certaines règles.

Avec les filles, par exemple. L'autre soir, je le retrouve par hasard dans un pub que je fréquente beaucoup et lui très peu. Il est avec un de ses amis. S. était aussi un bon ami à moi, à une certaine époque (oui, quand je sortais avec le P., vous avez compris !). C.h. continue à le fréquenter, ce qui n'est plus vraiment mon cas, malgré le fait que je l'apprécie beaucoup. Bref, ils étaient tous les deux et ont rencontré un groupe de gens, dont deux filles. Au cours de la soirée, je décide donc d'aller passer un peu de temps avec eux, quand là, je remarque le regard de C.h., posé sur la brunette en face de lui. J'ai tout de suite compris ses intentions. Elle lui plaisait. Et j'ai eu envie de m'amuser un peu.
Quand elle lui a demandé : " Et toi, tu fais quoi dans la vie ? ", il a répondu " Oh bah moi, j'ai fais STG, et après j'ai fais L ". L'occasion était trop belle. Tout sourire, moi en train de lui écraser les genoux, j'ai répliqué : " Enfin, ce qu'il veut dire, c'est qu'il a fait deux 2nde avant de quitter le lycée. " Sbaf. La nénette a rigolé et lui aussi. Mais jaune. Je lisais dans son regard à quel point j'étais une garce. Sans compter tout le long de la soirée où, en parfaite petite teigne qui se respecte, je n'ai fait que le vanner et lui lancer quelques piques bien senties : " Non mais, vous vous rendez compte ? Je suis sa meilleure amie et il n'a même pas une après-midi à me consacrer ! C'est toujours ça dès qu'il y a une fille dans les parages. ". Tout en lançant un regard complice à la brunette qu'il convoitait.

Je crois que ce jour-là, s'il avait pu, il m'aurait fusillé sur place. Et pour s'assurer de mon trépas, il n'aurait pas hésité à m'achever à coups de baïonnette. Mais il m'aime tant qu'il s'est abstenu de tout acte répréhensible. Et puis, surtout, il a réussi à se faire sa nénette, qu'il a carrément failli empaler contre un mur quelques heures plus tard. Alors je crois qu'il peut me remercier.

Il y a bien sûr d'autres principes qu'un ou une meilleur(e) ami(e) se doit de suivre. Mais attention, tout en restant dans le respect très strict de l'intimité, de la pudeur et des idéaux de son " Best ".

1 : Aucune fille (ou aucun mec) ne trouvera jamais grâce à tes yeux. Il ou elle ne sera jamais assez bien pour ton Best. Tu trouveras toujours LE petit défaut qui fera que untel ou une telle ne lui conviendra pas (un gros nez, un grain de beauté mal placé, un rire de goret, un Q.I. d'huître, une silhouette trapue ... alors que pour tout le reste, il/elle est for-mi-da-ble).

2 : Tu te dois de tester le potentiel humain de son soupirant ou de sa promise. A savoir :
- Si il/elle a de l'humour (Bah oui, tu ne voudrais pas que ta Moitié d'Ame se fasse chier avec une personne qui a autant de conversation qu'une carpe. Ou qui prenne la mouche à la moindre petite vanne).
- Si il/elle aime les enfants (Personnellement, je n'en veux pas. Je n'ai pas particulièrement d'affection pour les morveux et peut-être que vous non plus. Mais lui/elle, peut-être que si.)
- Si il/elle croit au mariage (Idem que pour les mômes.)
- Si ses parents sont divorcés (le complexe d'œdipe, c'est le tue l'amour garanti).
- Combien de copains/copines elle a eu (La pérpatitétipute du coin peut aller se rhabiller. Si mon Best voulait examiner de plus près les trains, il irait visiter une gare, pas son trou.).
- Combien de temps ont duré ses précédentes relations (Bien que je sois assez mal placée pour juger, je pense qu'une nana/un type qui n'arrive pas à rester plus de deux semaines avec la même personne doit certainement avoir un petit problème quelque part. Je ne risquerais donc pas le coeur, les fesses ou l'intégrité de mon Best à cause d'une petite crétine coincée au stade " flirts sans AUCUN lendemains ").
- De quel façon il/elle a rompu (La manière "post-it" est à exclure immédiatement si il/elle tient à rentrer dans tes bonnes grâces).
- Ou s'est fait(e) larguer (Le/la chouineur/euse qui veut trouver le mec/la fille " intermédiaire " pour oublier son ex doit se faire oublier. Exit également le/la gros/sse bouseux/se qui veut se venger du dernier connard ou de la dernière salope qui a croisé sa route.).

3 : Voir exemple au-dessus. Un peu comme un frère ou une soeur, il faut savoir mettre mal à l'aise votre Best. Oui, parce que, je vous explique la psychologie humaine : en le mettant dans une situation embarrassante, vous contribuez à augmenter sa capacité d'autodérision, ce que nos comparses bipèdes aiment plus que tout. Se moquer de soi-même, se montrer gêné sans trop l'être, sont des qualités que l'autre apprécie tout particulièrement. Car vous acceptez vos imperfections. Pire, vous les revendiquez presque. Ce qui fait que vous donnez l'impression de pouvoir apprécier celles des autres sans trop de difficultés. Un grand atout dans un monde où le paraître et le diktat de l'idéal freine le développement de nos personnalités et l'acceptation de nos différences .

4 : Savoir se montrer propriétaire. Soit, défendre gentiment son territoire. Une main posée sur son épaule, un doigt effleurant son menton, un petit sourire mutin à l'adresse de votre Best et l'affaire et dans le sac. L'Homme est un chasseur de nature. Il aime ce qu'il ne peut avoir. Et quand il voit que quelqu'un a déjà le pied ancré dans un territoire, il a envie de vous en évincer pour prendre votre place. Reste à espérer que le soupirant/la courtisane de votre Meilleur(e) ami(e) ne se voit pas effrayer par votre attitude et ne se méprenne sur la relation que vous entretenez, votre Best et vous. Vous foireriez son coup et Monsieur/Mademoiselle risque de ne pas trop apprécier (ingérence dans l'intimité de votre Moitié). Ou alors, dans un autre contexte, le soupirant/la courtisane risque de n'y voir là qu'un défit à relever et pourrait se révéler déçu une fois l'objet de ses convoitises en poche, et donc le lourder sans autre forme de procès. A donc user avec modération si vous ne tenez pas, entre autre, à reproduire la guerre de Troie.

5 : Vous faites indéniablement partie de la vie de votre Best. Et son/sa futur(e) amoureux/se doit l'accepter, quoi qu'il en coûte. Vous êtes chiant(e), envahissant(e) et vous avez un avis sur tout, mais c'est comme ça. Les hommes mariés ont bien la réputation de détester leurs belles-mères : pourtant, ils n'ont d'autre choix que d'accepter leur présence aux réunions de famille et de sourire le jour de Noël lorsqu'ils déballent l'infâme pull tricoté à la main annuel. Chouchou/Choupette devra faire avec s'il veut garder votre Moitié près de lui. Ou si votre Moitié tient à votre amitié.

Bien sûr, il y a d'autres concepts comme l'écoute, la présence et tout ces autres trucs mielleux. Sans compter que les cinq principes énoncés si-dessus s'appliquent surtout pour deux Best du sexe opposé. Je me vois mal insinuer le doute chez un mec en caressant la cuisse de ma meilleure amie. Et puis, toutes les relations " meilleures amies " ne sont pas forcément aussi fusionnelles. Je me dois, en extrême blogueuse digne de ce nom, d'exagérer mes propos.
Mais tout de même, remanié un peu, je suis sûre que vous pouvez quand même en faire quelque chose.


J'espère donc avoir réussi à vous démontrer que le concept de " meilleur ami " n'a pas d'âge. Ce sont ces personnes avec qui vous entretenez une relation si particulière, inébranlable, que même le temps et les erreurs n'arrivent pas à saccager.
Egalement ceux qui répondront toujours présents et vous accepteront tels que vous êtes, quoi qu'il arrive. Car vous êtes vous.


Oh et puis, s'il vous plaît, chers lecteurs : veuillez applaudir mon cher Best, C.h., qui supporte mes humeurs et mes petits travers depuis bientôt quatre ans. Il le mérite sincèrement.

3 août 2009

Feel or not to feel ? That is the question !

Nous, on s'arrête jamais. L'été, c'est trompeur. Parce qu'en plus de forniquer comme des bêtes (pour les plus chanceux), on ne voit plus la lumière du jour. Ah si ! Celle de l'aube, pour les plus téméraires. Vous savez celle de sept heures du mat', quand tu reprends ta caisse complètement berlé, avec à peine deux heures de sommeil dans le pif et que tu t'imagines, ô grand naïf que tu es, que si les flics t'arrêtent, ils n'y verront que du feu.
Mais c'est sans compter sur l'haleine de chacal (que même le chewing-gum enfourné deux minutes avant peut trahir), les fringues chiffonnées et les paupières encore lourdes de vodka. Il paraît qu'il faut trente-six heures pour éliminer tous les effets d'une grosse cuite. Si tu as des relents, genre les bons renvois qui te donnent des hauts-le-cœur et diffusent dans ta bouche de douces bulles d'air avinées, alors n'y pense même pas: si tu souffles, tu peux dire adieu à tes six points ! Donc, le sommeil, quoi qu'on en dise, n'est pas si réparateur que ça. Surtout pour le foie des alcooliques en herbe.

Je crois que mes co-partiers d'hier soir ne diront pas le contraire. Il fallait voir nos têtes ce matin. Je. callée dans son lit, enroulée dans la couette, à côté de M., à se dire qu'elles avaient encore pris une méga mine et à maudire le Monsieur Là-Haut d'avoir inventé les lendemains de cuite. Ju. qui avait élu domicile dans sa caisse aux premières lueur du jour (après avoir déposé un gros pâté à côté du fauteuil, il avait peur qu'on sache qu'il en était l'auteur. Manque de bol, K. avait tout vu). Fh. allongé sur son tapis de sol, l'air crispé sous son duvet, endolori par le carrelage et par le manque de sommeil (ou par le trop-plein de Ricard, allez savoir). K. affalé sur le canapé, la gueule ouverte genre "Putain-C.-pourquoi-tu-me-réveilles-Je-me-lèverai-quand-je-serai-descendu-de-la-grande-roue". Et puis Chouchou et moi, encore la tête dans le cul, à mâter tout ce petit monde. Il faut dire qu'hier soir, ça a été plutôt agité. Entre nous deux, je veux dire. Deuxième nuit de sexe. Deux fois de suite. La presque extase totale. J'ai un peu du mal à me lâcher quand je sais que dix personnes sont en bas et qu'ils peuvent monter et nous surprendre à tout moment. Y en a que ça excite, moi ça me crispe. Et à raison d'ailleurs : M. n'a pas mis longtemps à venir nous déranger, entrouvrant la porte sous nos " NON ! RENTRE PAS ! ". Lui les fesses à l'air et moi les cuisses écartées, en train de vivre l'un des meilleurs moments de l'existence d'un être humain. La salope, je la retiens. Après un " Oups ! Pardon ! " gentiment casé, elle s'est carapatée au rez-de-chaussée sans demander son reste. Autant dire que Chouchou et moi, on est grillé. Ca va, on en rigole. Même si j'ai un peu du mal avec le fait que ma vie sexuelle soit dévoilée au grand jour. J'suppose que j'vais devoir m'y habituer : parmi les potes, on a plus de respect pour la pinte de bière du voisin que pour son intimité.

C'était donc de cela que l'on parlait ce soir. Après la bonne cuite de la veille, tout le monde était au "sirop-café-thé", demi pour les plus courageux. Et donc, la conversation dérivait sur le sexe (jusque-là, rien d'anormal), surtout sur la scène compromettante de la nuit. Puis, M. arriva, avec ses gros sabots. Je savais qu'elle brulait de satisfaire sa soudaine curiosité. Rien n'aurait pu empêcher le déferlement de la grosse vague qu'elle allait provoquer à cet instant. De ma place, je pouvais entendre son esprit qui lui titillait la langue. Quatre mecs autour de la table: une véritable aubaine !

" Dites-moi, les gars, j'ai une question à vous poser. Répondez-moi franchement. Est-ce que c'est vrai que c'est mieux sans capotes ou est-ce que vous nous dites ça juste par flemme ? "

Réponse unanime de " Oui, c'est mieux sans. "et de " Non, c'est pas par feignantise. ". Suivi d'un long débat auquel les filles se mêlèrent pour savoir qui avait déjà fait sans, combien de fois et quel poil de son bras avait eu la chair de poule en premier.
Non mais c'est vrai quoi. Je sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, le préservatif soutient pas la comparaison. Entre le plastique qui frotte les parois de mon minou et la peau de son organe titillant mes muqueuses, y a pas photos : je préfère largement sans. Ça donne une impression de pure communion. Tu sens vraiment les deux corps fusionner, vu que chaque pores de ta peau est en contact avec celle de ton partenaire (remarquez que je n'ai utilisé aucun qualificatif déplaisant du genre " ton Jouet ", " ta Bite Ambulante ". Je progresse !). Bref, incomparable.
Quoi que, en y réfléchissant bien, avec le Marteau Pilon, alors que nous avons eu un petit problème je dirais "technique" (le latex n'est pas toujours très solide), je n'ai absolument pas senti la différence. D'ailleurs, je l'ai su seulement quand il s'est retiré et a poussé un charmant chapelet de jurons fleuris. Peut-être était-ce pasqu'il m'avait tellement ravagé le vagin avec son gourdin que j'étais complètement anesthésiée. C'est pas le tout d'en avoir une grosse, il faut savoir s'en servir. D'ailleurs, je crois que Chouchou a la plus petite que j'aie jamais eu en moi. Et pourtant, il me fait plus d'effets que l'autre Matraqueur avec sa lance à incendie. Avec Chouchou, j'ai carrément chaud aux fesses, alors qu'avec l'autre, j'étais à la limite de l'hypothermie. Remercions Mère Nature de nous avoir doté de l'option " simulation ". Après l'option " emmerdeuse ", c'est certainement la plus usitée de toutes.


Alors, guys and girls, si vous avez l'occasion, faites-le sans. Mais attention ! Analyse VIH au préalable et fidélité avec. Je voudrais pas être à l'origine d'une épidémie de SIDA ou de suicides, vous comprenez. Et puis, au pire, il existe des capotes extra-fines, des nervurées, avec différents goûts (H. m'a dernièrement conseillé grenadine) pour un max de plaisir.

Have fun !

16 juillet 2009

Parce que parfois, il vaut mieux se barrer en courant avant de se faire rattraper par sa connerie.

♪ Reste encore
Oublie le temps
Reste encore un peu ♪


Trop tard. Je suis déjà loin. Très loin. De toi. De nous. De tout de ce que nous avons été et que j'espère ne plus jamais retrouver.
Je me suis barrée en courant. Là aussi, trop tard. Ma connerie m'avait déjà rattrapé.

J'ai les jambes flageolantes dans la voiture. J'ai du m'arrêter là, devant le cinéma, en double file, pour dire à J. que sa connerie à lui allait le rattraper. Tant qu'à casser un truc, autant se dénoncer avant qu'un pote le fasse à votre place.
Et il est là. L'Horrible. Juste à côté de J., adossé à la barrière. Il me regarde. Ça fait presque deux ans qu'il n'ose plus affronter mon regard, qu'il baisse ses petits yeux de fouine dès que je suis dans les parages. Il a peur. Il a peur de moi et de tout ce que mes prunelles lui disent pour moi. De toute l'horreur qu'il m'inspire, de tout le dégout qu'il fait naître en moi. Et il a bien raison. Parce que c'est encore pire que ce qu'il croit.
Pourtant, là, il ose. Il me lorgne, moi, accrochée au volant de ma Micra. Je l'ignore. Mes yeux sont braqués sur J. et sur le conducteur qui s'impatiente derrière moi. Je passe la première. Je repars. Je ne peux pas rester là. Mes guibolles vont me lâcher et je vais piler.

Je trace. Jusqu'à chez M. Je devais aller la voir, de toute façon. Au feu, je souffle. Fort. J'expulse toutes les particules de cette putain de haine qu'il a ancré en moi. Je manque de céder à l'envie de faire demi-tour et d'aller lui casser sa gueule de rat. Je me contiens. Je sers les doigts sur le volant. Le feu passe au vert. Je trace encore. Soixante-dix sur une ligne droite en plein centre-ville. Pour le coup, j'ai le feu aux fesses. Il me le paiera, je me répète, il me le paiera très cher.

Arrivée chez M.. Maman, beau-papa, grande-soeur, beau-frère, petit frère. Bonjour. Bonjour. Bonjour. M. on se casse ? Steuplaît ? J'ai besoin d'une clope, là. De suite.
De nouveau dans la voiture.

" J'ai vu le P. avec J. "

Pas de commentaires. On sait toutes les deux ce que ça implique de croiser le P. sur sa route. D'ailleurs il ferait mieux d'éviter s'il veut pas se retrouver sous mes roues. Elle amortie super bien la Micra. Lui, c'est pas dit.

On arrive au bar. On investit la terrasse. On en parle. M. connaît toute l'histoire. Soit dit en passant, elle fait partie de ceux qui me connaissent par coeur. L'avantage de la douleur, c'est que quand on la partage, ça cré des liens.

Le P. ou l'Horrible, comme vous voulez, n'est pas seulement un ex. C'est " L'Ex " avec un e majuscule et une bite minuscule. Le tout premier. Le premier petit copain, la première fois, la première grosse dispute, la première rupture douloureuse, la première envie de mourir, le premier sacrifice. On a fait beaucoup de premières fois ensemble. On a fait aussi toutes les suivantes: pleins de ruptures, pleins d'envies de mourir, pleins de sacrifices et surtout, pleins de disputes. Un an et demi de relation. Entrecoupées de deux jours par-ci par là de " breaks " aussi ridicules qu'inutiles. Je revenais à chaque fois, il partait sans arrêt. Susceptible l'animal, vous comprenez.
Mais le P. c'est aussi le voleur, le mythomane, le pervers. En croisant sa route, on se fait bouffer l'âme et le coeur. Comme ça, en moins de deux. T'as rien vu venir. Et le pire, c'est que tu finis par y prendre plaisir. Ça devient normal. La routine, quoi. Pour certains, c'est métro-boulot-dodo, à s'enfoncer dans ses habitudes ronflantes. Pour d'autres, comme nous, c'était de nous engueuler et de nous ressortir toutes les plus grosses saloperies possibles.
Il m'a bousillé. Littéralement. De seize à dix-huit ans. Bam ! Sur le carreau, la C.. Plus personne après. J'avais intérêt à être plutôt bien entourée. J'vous passe les détails pour cette fois, jui sympa.
Alors l'Horrible, c'est devenu la bête noire. J'ai été gentille, j'ai pas trop cramé sa réputation. Putain, trop gentille même. Il m'a pas trop saoulé. Pendant six mois, il a essayé d'attirer mon attention. Entre son procès qu'il avait au cul, sa tentative de suicide avortée, mes copines qu'il harcelait les premiers temps, celles qu'il essayait de draguer, il s'est bien défendu. Mais trop tard, j'étais déjà loin, très loin.
Après, il a arrêté. Il a du comprendre. Ou tout du moins, se faire une raison.

Quand même, je me demande parfois ... Qu'est-ce qu'il a fait de moi ? Qu'est-ce qu'il a fait de nous ? Y pense-t-il encore ?

Bien sûr, M. est toujours là. Elle a une réponse pour tout. Même pour ce que je ne lui dis pas.

" C., réfléchis. Pour ce mec, tu es la seule fille bien sur laquelle il soit tombé. Regarde il sort avec une grosse pute qui doit se taper tout ce qui passe. Et il a beau la larguer et revenir avec deux jours après, il arrive pas à s'en défaire ! Pourquoi à ton avis ? "

" Euh ... Parce que c'est une pauvre idiote, qui fait plus de gym vaginale que psychique ? "

" Exact. Et aussi parce qu'il sait qu'il retrouvera jamais une fille comme toi. Parce qu'il sait, au fond de lui, qu'il ne mérite pas mieux. Tu sais que je suis pour donner une seconde chance aux gens. Je pense que chaque Etre Humain y a droit. En admettant qu'il ait changé et qu'il ce soit rendu compte de ses erreurs, je suis pas sûre qu'il arrive à vivre avec. "

" Ah mais j'espère bien qu'il s'en mord les doigts, l'enculé ! Et qu'il me regrette amplement, en plus de ça ! "

" Bien sûr qu'il te regrette. Regarde-toi ! Tu as tellement de qualités, bien plus qu'il n'aurait pu l'imaginer. Tu sais ce qu'on dit : c'est quand on perd quelque chose, qu'on se rend compte de sa vraie valeur. Et lui a du s'en rendre compte. T'as vu ce qu'elle lui fait la nana ? Mille, mille cinq cent euros de facture de téléphone, les chèques en blanc avec son chéquier, son caractère de merde ... "

" Il paye le prix de ses erreurs. "

" Oui. Et très cher. Je suis sûre qu'il ne pourra jamais plus aimer comme il t'a aimé. Ni qu'il pourra tomber sur quelqu'un qui l'a aimé comme toi. Tu es et restera son premier amour et lui le tien. Papa à beau payer ses factures, ça ne change rien. Il est peut-être ce qu'il est, ça ne change rien non plus. Il paye. Et il morfle. "

M. a raison. Même s'il est pourri depuis la naissance, le destin lui demande de rembourser la note. Je le plains, franchement. J'ai de la pitié pour ce pauvre gars et sa vie misérable.
Il m'a peut-être détruite mais au final, je crois que n'ai pas fais mieux. Puisqu'il continue à en subir les conséquences.


♪ Jusqu'au jour où j'ai dis: va-t-en !
J'ai plus rien à donner
Qui soit vierge de coups.
J'suis fatiguée des kilomètres que l'on franchit pour être
A un plus mauvais bout. ♪


Allez, on est quittes, raclure. Crève bien dans ton coin pendant que moi je jouis des bienfaits de mon existence.
On n'a que ce qu'on mérite.

20 juin 2009

Demain, j'arrête de boire.

C'est ce que je me dis chaque week end quand je me lève le samedi suivant une grosse berle. J'ai rarement la gueule de bois mais il n'empêche que je ne suis pas belle à voir. Surtout après une nuit pareille.
J'aimerais bien savoir ce qui m'est passé par la tête quand j'ai ramené ce type chez moi. Okay, on se connaît, je l'ai pas ramassé dans un bar et il a une belle gueule. De plus, c'est pas la première fois que je couche avec lui. Je m'étais dis que la seconde fois serait meilleure. Parce qu'au moins, contrairement à la précédente, je serais complètement bourrée et autorisée à jouer les étoiles de mer. Tu parles. J'avais l'impression d'avoir à faire à un môme pré pubère qui cherchait à me pilonner les entrailles. Non, non, j'exagère. C'était pas non plus affreux. J'y ai quand même pris un peu de plaisir. C'est juste que le paradoxe me dérange.

Voyons ça. Aucune caresse, aucun geste tendre. Seulement du désir. Celui que vous inspirez à un mec facile. Non, parce que c'est pas moi la fille facile dans l'histoire. J'ai aucun antécédent de ce côté-là. C'est le premier avec qui je m'envoie en l'air tout en sachant qu'il n'y aura rien derrière. Les deux autres étaient tout ce qu'il y a de plus officiels et j'étais sûre de me réveiller à leurs côtés le lendemain. Et de pas avoir envie de les mettre dehors.
Mais lui, pauvre petit pénis ambulant, c'était tout à fait différent. Avec trois grammes dans chaque bras, j'étais bien déterminée à le mettre dans mon lit. Okay, j'avoue tout. J'en ai eu l'intention dès le début de la journée quand j'ai su que je le verrais quelques heures plus tard. Mais comme je suis quelqu'un qui manque cruellement d'audace, il fallait bien que je me donne contenance. Et cette contenance s'appelait malibu-ananas et vodka-orange. Ronde du début de la soirée jusqu'à la fin de la nuit. D'ailleurs, je me demande si, au final, je l'ai pas un peu forcé à rester. Il a du vouloir me faire plaisir. Pas au sens sexuel du terme (ou alors, va falloir que je lui donne quelques leçons au sujet des femmes). Mais c'est quelqu'un de tellement gentil qu'il n'a pas du vouloir me faire de peine. Quel altruisme. J'espère qu'il me demande pas de lui en être reconnaissante, en plus de ça.

Bref, je me suis réveillée avec les cheveux genre " crinière-de-lion-pas-toiletté-depuis-noël-dernier ", les yeux de panda, le torse nu et les fesses à l'air. Et avec la nausée. Autant dire que j'avais tout d'une reine de beauté le lendemain de son couronnement.
Il était toujours là.

" Bien dormi ? " me demande le marteau pilon.

Pas un geste. Rien. Quoi ? Ca t'a pas plu cette nuit? Tu m'as dis que t'avais pris ton pied.
Okay, je te rejoinds en bas. Mais tu te casses après, hein ? Non, parce que je veux bien assumer nos ébats, mais seule. Toi t'es plus compris dans le menu à partir du moment où le soleil se lève et que j'ai digéré mes trois grammes cinq. Et puis, faut que je raconte aux copines. On va se marrer. Enfin, elles vont se marrer parce que moi je vais rire, mais au fond ce sera nerveux.

Enfin, il s'en va. Il s'arrête à la porte. Moi en tee shirt et boxer, j'ai pris la peine de m'attacher la tignasse et de jouer les grandes dames qui assume parfaitement son corps de rêve et ses ébats de la nuit.

" T'es sûre que tu veux pas que je t'aide à ranger ? "

J'ai lorgné ma table de cuisine, jonchée de cadavres de bouteilles et de restes de barbecue. Sourire. Baiser langoureux.

" Non, je t'assure, je vais me débrouiller. T'en as assez fait. "

Clin d'oeil complice. Casse-toi avant que je gerbe sur ma décrépitude.
Donc, il est devant la porte.

" Bon beh à ... La prochaine. " qu'il minaude, embarrassé.

" Ouais, quand tu voudras, vu que j'ai pas ton numéro. "

" Tu le veux ? "

" Non, non. Si tu veux me voir, tu sais où m'appeler. "

Ce crétin appellera pas. Même s'il a la queue en feu, il osera pas. Pas étonnant quand on voit comment je m'amuse avec lui.
Et pourtant, quand je le vois franchir le seuil et partir pour de bon, j'ai mal au coeur. Ou plutôt, j'ai mal à l'ego. Non seulement je deviens une trainée, mais en plus, je sais même pas m'y prendre. Soit je suis détachée, soit je m'y suis attachée mais que diable, C., arrête de jouer au ping pong avec tes états d'âme !

Ce type, je pourrai jamais sortir avec lui. Déjà, parce qu'il est plus jeune que moi. Ensuite, parce qu'il est plutôt du genre infidèle. Enfin ... C'est quoi le troisième point déjà ? Ah oui, parce que j'en ai pas envie. Il est trop immature, trop facilement paumé. Trop lui. Tout ce qu'il est m'ennuie profondément. Quand il parle, j'ai envie de le faire taire. Il ne parle que de lui et quand il s'intéresse à moi, ses questions ne m'intéressent pas. J'aime les gens qui s'immiscent, qui enfoncent des portes fermées à double tour. Lui, il avance à pas feutré, comme s'il avait peur de déranger. J'ai envie de lui claquer la porte au nez et de lui dire de revenir quand il sera devenu un homme.
Et pourtant, j'aimerais qu'il m'appelle. J'aimerais qu'il ait envie d'aller plus loin. D'être un peu plus que son coup de temps en temps. Alors qu'il n'en est rien pour moi.

Ça, c'est un caprice. Parce que je suis une princesse capricieuse. Qui veut tout pour gonfler son estime d'elle-même mais qui ne veut rien en garder. Je change de jouets comme on change de sous-vêtements. Une fois la bestiole en poche, je n'ai qu'une idée, m'en débarrasser. Je me lasse vite, je me sens vite enfermée. Une relation libre serait ce qui me conviendrait le plus. Si c'est à sens unique. Je n'aime pas partager mais j'aime qu'on me partage.

Donc, il ne m'appellera pas et j'essaie de faire abstraction de mes rêves de midinette. Où est donc ce prince charmant dont maman parlait tout le temps, qui viendra dompter la sauvageonne que je suis ?
Ah, je sais ! Il s'est noyé dans un cuvette de WC en dégueulant sa bière. Juste après avoir emballé la fille au maxi-miches-mini-short, un peu plus loin. Mais juste avant de rejoindre sa copine qui l'attend impatiemment entre ses draps roses, fraichement repassés par maman.

Demain, j'arrête de boire. D'accord, on va dire après-demain, parce que ce soir j'ai rendez-vous avec A. et L. pour une petite soirée entre filles.
Il m'a toujours appelé et ne m'appellera pas, dans tous les cas (il paraît que si on répète suffisamment une phrase, on finit par abonder en son sens). Mais aucune importance, quand je le reverrai, dans quelques jours, lors d'une énième soirée, je ferai style que tout va bien et au pire des cas, je le serrerai dans les toilettes.

Au mieux, je l'ignorerai comme la grande dame que je suis.

19 juin 2009

La vie, c'est beaucoup trop court.

Voilà ce que je me suis dis quand j'ai débarqué chez A. vêtue de ma très jolie - et néanmoins très neuve - robe très colorée.
Que l'on s'entende, pour moi, à partir du moment où le vêtement n'est pas noir, gris ou marron unis, c'est qu'il est " coloré ", " voyant ". Autant j'aime me faire remarquer, autant je préfère qu'on lorgne mon postérieur plutôt que mes fringues. Soyons réalistes ! Une fois déshabillée, une fille est bien moins attrayante. Les fesses flasques, les seins en forme de poire, la peau d'orange, les cuisses qui ont la tremblote, le ventre plus si plat. Sans compter le visage démaquillé. Tout ça, Messieurs, vous n'avez la joie de le constater qu'une fois votre conquête en tenue d'Eve. Cruel. Mais remercions Aubade qui a inventé les boxer moulants, Etam pour ses soutiens gorges ampliformes ainsi que Zara pour ses jeans ajustés pour tous types de femmes et aux poches à la bonne hauteur. Et puis, il paraît que les femmes préfèrent faire l'amour dans le noir, là où tous nos petits défauts corporels ou pileux sont invisibles.

Qu'est-ce que je disais déjà ? Ah oui, ma belle robe. Neuve. Frustration sentimentale compensée en un chèque mirobolant pour mon magasin préféré. Je ne préfère même pas regarder la tête de mon compte en banque, j'ai peur du vertige. Ou peut-être est-ce la mine de mon banquier qui m'effraie le plus ... Qu'importe. Donc, j'arrivais chez A. , toute guindée dans ma robe couleur chocolat, pomme, orange et neige (les épithètes sonnent tellement classes), superbement décolletée, cintrée sous la poitrine, s'évasant à partir de la taille et chaussée d'une paire de talons vertigineux (imitation cuir marron). Autant dire que pour ceux qui me connaissent, me voir vêtue ce genre de tenue si " colorée " et " voyante " (qui a dit sexy que je l'embrasse ?), c'est plutôt rare. Exclamations de surprise de A. , compliments, renseignements sur "où-et-quand-as-tu-acheté-ces-merveilles ". Sourires. Remerciements. Et si on passait aux choses sérieuses ? Inutile de lui préciser que je transpire dans ces escarpins trop haut et que je peine à respirer dans cette robe trop cintrée. Ça casserait le mythe.

Elle en boxer et soutiens-gorge, les doigts pleins de pâte à cookies, me réclame une pause clope. On y va, t'impatiente pas.
Enfin, le canapé. Chaussures balancées à l'autre bout de la pièce. Un problème de réglé. Pour mon insuffisance respiratoire, bah, on fera avec. Ça m'apprendra à jouer les coquettes avec 40 degrés à l'ombre.

" Alors, c'était comment ? "

La question qui tue. Vous en connaissez, vous, des gens qui s'éclatent pendant les enterrements ? Si c'est le cas, faites-les enfermer.

J'avais appréhendé ces funérailles bien plus que les précédentes auxquelles j'avais assisté. Pour la bonne raison que les dernières étaient celles d'un petit papy de 88 ans, ancien ambassadeur avec une vie bien remplie. Au moins autant que son compte en banque. Cela n'avait pas été triste. Les parents du défunt se rappelaient volontiers davantage sa belle existence que sa mort récente. Et après, tout le monde s'était réuni autour d'un apéro au champagne et aux tomates cerises. La vraie classe à l'anglaise.

Celles-ci étaient toutes autres. A peine 29 ans, 4 ans de combat contre un cancer, un mari, une petite fille de 5 ans, des parents, un frère, des amis. Une rémission, l'espoir, la rechute. Il faut s'accrocher pour vivre en équilibre sur un fil pendant plusieurs années, faites-moi confiance, je sais de quoi je parle. Osciller entre espérance et désespoir. Quand cela s'arrêtera-t-il ? Va-t-il guérir ? Va-t-il mourir ? D'un jour à l'autre, l'état d'esprit n'est plus le même. On a peur d'être appelé en pleine nuit, qu'on nous dise que c'est terminé. Alors qu'on n'était pas là, qu'on ne lui a pas tenu la main. Pourquoi les humains ont-ils donc besoin de dormir ? Ça nous fait perdre un temps précieux.
Donc, oui, 4 ans, jusqu'à ce que son corps lâche et que la tumeur finisse son boulot. Dix ans, voire davantage que je ne l'avais pas vu. Alors pourquoi cela me faisait-il tant de peine ? Est-ce quand l'aumônier a invité toutes les personnes " ayant perdu un proche " à joindre leur peine à celle de la famille de la défunte que j'ai craqué ? Est-ce quand j'ai entendu les sanglots de sa mère entre deux prières ? Ou Sheryfa Luna qui chantait " Maman je suis née en toi, je veux mourir dans tes bras " ? Non, c'est quand j'ai vu cette petite fille, toute fragile dans sa robe blanche, hoqueter, car elle venait de comprendre qu'elle devait dire au revoir à sa Maman pour toujours. J'avais envie de la rejoindre sur son banc, de la serrer contre moi. Je voulais lui dire que sa peine, je la connaissais par coeur et que je pouvais lui apprendre qu'on vivait malgré tout, malgré leur absence. Cette petite fille, c'était moi il y a six ans, sauf que j'en avais neuf de plus qu'elle. Et que quand j'ai osé verser une larme, on m'a dit d'arrêter et d'être forte, pour lui.

C'est fou, ça. Interdire aux gens de pleurer devrait être condamné par la loi. C'est comme aller aux toilettes, manger, dormir. Quand on en a besoin, pourquoi hésiter ? Okay, ça n'arrange rien, ça ne changera pas les choses. Mais au moins, on l'a sorti et on se sent un peu plus léger. J'ai toujours été de celle qui laissait leur temps aux gens. J'en ai vu s'emmêler les pieds et se retrouver les quatre fers en l'air à cause du pas de trop. Celui qui les faisait irrémédiablement chuter vers ce fond du trou qu'ils cherchaient à tout prix à éviter. Rester en vie, c'est rester debout. Mais on parle de vie, pas de survie. En ce qui me concerne, je suis comme tout le monde, je fais tout pour rester debout, quitte à serrer les dents pendant des années en faisant abstraction de la douleur. Sauf que c'est une très, très mauvaise méthode. Alors je m'arrange pour faire tomber les autres et s'ils restent quand même à ramper, cherchant l'accroche qui leur permettra de se remettre en selle, je les roue de coups jusqu'à ce qu'ils s'étalent de tout leur long. Ce n'est pas de la méchanceté gratuite. C'est pour leur bien, vous leur demanderez. A chaque fois, on me remercie. Enfin, pas sur le coup. C'est douloureux de se prendre tous ses malheurs en pleine face. De vivre plutôt que de survivre. Les hargneux me résistent, les intelligents finissent par me laisser faire. Ils me sont tous reconnaissants, un jour ou l'autre, de la dureté de mes mots. La vérité est parfois dure à avaler, mais une fois la pillule passée, il paraît qu'ils se sentent plus légers.

A. me regarde, guète ma réponse, soucieuse. Est-ce que je vais bien ? Est-ce que j'ai des choses à lui dire ? Pas vraiment. Ni pour l'un, ni pour l'autre. Petit sourire, je lisse ma jolie robe neuve, je bombe le torse, arrange mes cheveux, écrase mon mégot avec dextérité, m'allume une seconde cigarette. Je redeviens moi. Fière et forte sous ces apparats de grandeur.

" Alors c'était comme tous les enterrements. C'était triste, dur et injuste. Mais c'est la vie. Et elle est vraiment trop courte. "


Comment pourrais-je lui dire tout ce que je viens de vous écrire ?
Les mots sonnent mieux dans mon esprit que dans ma bouche.